« … Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d’une victoire…
L’ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,

Photo ©Stan Rougier
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
… On était dans le mois où la nature est douce,

Photo ©Stan Rougier
… Une immense bonté tombait du firmament ;
C’était l’heure tranquille où les lions vont boire.
… Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,

Coll. cartes postales ©Stan Rougier
Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,

Coll. cartes postales ©Stan Rougier
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles… »
(Victor Hugo, « Booz endormi », dans « La Légende des siècles »)