ΗΛΛΑΣ


Poème de ©Stan Rougier

« Jeunes nymphes aux tuniques en tous sens plissées

Qui sortez rétamées de vos bureaux, de vos lycées

Ayant quitté Paris, Rouen et autres plaines,

Que venez-vous chercher au pays des Hellènes ?

Photo ©Stan Rougier

Deux pâtres parmi vous se disputent vos charmes

Et sont prêts sous vos coups de rendre enfin les armes.

Les Vénus de Milo n’ont plus pour eux d’attrait.

Ils ne supportent plus ces statues mutilées

Quand tant de bras vers eux se tournent au complet.

Photo ©Stan Rougier

Est-ce leur compagnie qu’au CEP[1] vous recherchiez

Ou les Apollons grecs qui errent en ces lieux

Et n’osent se mêler au Centre Richelieu ?

Christian, au regard vif, au rire clair comme un cierge

Comment t’y retrouver en cette forêt de vierges

Quand le cœur d’une seule est un vrai labyrinthe ?

Et toi, grand Jacques, que sais-tu de l’amour ?

De toutes ces paroles et de toutes ces plaintes

L’élue viendra un jour, fermer à point les guillemets[2].

Photo ©Stan Rougier

Est-ce pour des « cailloux » que vous prîtes les risques

Des pannes sur la route et des coups de soleil ?

Saurez-vous faire revivre au milieu de ces briques

Les drames éternels vécus sous ce beau ciel,

Ces étranges épousailles de lumière et de sang,

De paix et de vertiges, d’orages et de printemps ?

Antigone en révolte, ce pourrait être vous !

À moins que n’attendant toute une vie Ulysse

Vous tissiez derrière vos carreaux le voile de Pénélope ?

Photo ©Stan Rougier

Serez-vous, vous aussi, les jouets de la vie ?

Qui saura dénouer vos complexes d’Electre ?

Serez-vous sacrifiée telle une Iphigénie

Aux dieux de notre temps, nos idoles, nos spectres ?

Et toi, la belle Hélène, toi qui nous mènes hélas

Hélas pour toi bien sûr, pour nous c’est une aubaine !

Enfin après la Crète couronnant tes efforts

Photo ©Stan Rougier

Tu pourras regagner la Seine et ton Paris

Paris et sa banlieue, Paris qui t’aime encore.

Par quel miracle ou étonnant prodige

As-tu pu rassembler sous la même houlette

Tant de boucs, de brebis et de chèvres

Qui ne broutent ni mêmes herbes ni mêmes tiges ?

Nous te donnons la palme du divin laurier rose

Pour avoir su guider tout ce troupeau morose

De jeunes filles en fleurs, en boutons ou fripées

Et qui n’ont besoin que d’un peu de tendresse,

Un peu d’eau, une plage sous le soleil de Grèce.

Alors se réveillant d’un car, toutes assoupies

Les voilà qui s’envolent sur les crêtes des vagues,

Sur les vagues de Crète,

Ravies, saoulées et sautant comme des toupies

Chassant le vague à l’âme, plongeant l’âme à la vague…

Photo ©Stan Rougier

Enfin, divin Spiros[3], ô Diadimène

Que penses-tu de ces nanas chroniques

Que tu secoues si fort sur tes sièges en plastique ?

Toi, le grand « Captain », qui n’es pas maître à bord

Puisqu’il y a « Program », puisqu’il y a « Volkswagen »

Nous voulions rencontrer d’autres Grecs qu’en pierre

Toi qui ris avec les yeux, toi qui parles avec les mains

Fais-les revivre tous, rend-les à la lumière. »


[1] Communauté étudiante chrétienne.

[2] Nom d’une participante.

[3] Nom du chauffeur.

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