Cher grand-père


Je retrouve au cours de mes rangements une lettre que j’adressais à mon grand-père lorsque j’avais 20 ans. Je vous en partage quelques extraits. Ils témoignent de mon état d’esprit à cette époque de ma vie :

Mon grand-père maternel, années 1940

« Je me demande comment d’un petit j’m’enfoutiste, je suis devenu quelqu’un qui prend tout au sérieux et se croit capable de s’intéresser à tout.

On m’a donné à la naissance, un bien très précieux : l’émerveillement. Je voudrais retrouver chaque jour une âme d’enfant. Je ne cesse de m’émerveiller devant les merveilles de la Création. Mais il n’y a pas de roses sans épines. Il y a en moi un tempérament artiste qui n’apprécie que les choses sensibles facilement acquises et qui n’ont nul besoin d’être expliquées.

©Stan Rougier

Avec une trop grande susceptibilité, j’ai du mal à m’adapter à ceux qui m’entourent. Je me laisse trop souvent marcher sur les pieds. Je crois m’être finalement rendu compte qu’il est bon d’avoir toujours à se heurter à quelque chose. Cela nous évite de nous endormir. On ne s’attache vraiment qu’à ce pour quoi on a peiné. Les résistances qui se présentent dans le quotidien ne composent-elles pas la plus grande partie de son caractère passionnant ?

©Stan Rougier

Ce n’est plus aujourd’hui pour me protéger que je désire l’ordre et la force, c’est pour défendre des personnes et des valeurs. Lorsqu’on m’attaque, j’admets quand ce sont seulement les déformations que je fais subir à ces valeurs que l’on attaque. Ainsi je ne vois plus les autres comme des ennemis mais comme des alliés.

Ma famille m’a souvent heurté mais elle m’a fait mûrir. J’ai fini par comprendre qu’il fallait de la modération en tout. Je ne regrette pas d’avoir eu à payer cher ces découvertes. Je dois avouer que souvent je m’y suis très mal pris. Je crains de m’y prendre encore mal. Mon témoignage n’atteindra jamais que d’infimes parties de mon rêve. 

©Stan Rougier

Vous ne pouvez pas savoir combien j’ai détesté le formalisme et le pharisaïsme de mon milieu. J’ai eu la chance, grâce au scoutisme, d’orienter ma vie vers les jeunes à problèmes (enfance délinquante). J’y ai observé les traces très douloureuses de tous les défauts de la société : le manque d’attention et le manque d’amour. »

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