Accroche ta vie à une étoile


Interview pour « La Cité des jeunes »

L’enfance d’un être humain ressemble aux racines d’un arbre. Profondes, l’arbre résistera à toutes les tempêtes. Fragiles, trop fragiles, mal entretenues, l’arbre sera déraciné à la première bourrasque.

À l’âge de onze ans (1941), j’ai participé à un camp de deux mois, au Fayet–Saint Gervais, organisé par la Cité des jeunes. Je me souviens surtout de la prière qui nous rassemblait chaque soir sous les étoiles. C’était très émouvant. Nous étions près de quatre cents.

Le groupe auquel j’appartenais se nommait : « Les croisés ».

Notre chanson de groupe était :

« Prends garde croisé, défend la cité !

Quand l’enfer l’attaquera, ne crains rien et va !

Le Seigneur est avec toi et tous nous sommes là ! »

Je me souviens des jeux dans une immense prairie, d’un jeu de nuit, qui devint, par ma faute, particulièrement pénible. Cette anecdote vous fera rire. Comme nous avions souvent faim, j’avais garni mes poches de la semoule du dessert, croyant qu’après le repas, nous irions nous coucher. Toute la nuit, cette pâte collante dans mes poches m’a empêché de courir. Un calvaire !

Aujourd’hui, quatre-vingt trois ans plus tard, je réalise que ce fut un privilège extraordinaire de pouvoir accrocher ma vie à une étoile dès l’enfance. Être chrétien, compagnon de Jésus Christ, est une chance incroyable ! Très rares sont ceux qui bénéficient d’un projet éducatif aussi vivant et aussi généreux. Chaque année de votre vie, vous puiserez votre énergie dans cet idéal.

Notre pays est gagné par une espèce de morosité qui vient sans doute de la perte de spiritualité. Il y a le mot « Dieu » dans le mot « enthousiasme » Les chrétiens convaincus sont peu nombreux aujourd’hui. Ils ne dépassent pas 10% de la population. Si vous en faites partie, vous savez qu’on ne vous passera rien. « Sois saint ou tais-toi ! » J’ai animé plus d’une centaine de camps de jeunes. Le dynamisme, l’humour, la joie de vivre, de cette partie de la population m’ont toujours émerveillé.

J’ai donné au long de ma vie plus de cinq cents conférences à des jeunes de 15 à 20 ans. Je n’ai pas renoncé à en donner d’autres, jusqu’à la fin de mes jours. Qu’on se le dise ! Je suis un vieux pommier mais je ne produis pas de vieilles pommes. Je me sens parfois aussi jeune qu’à 15 ans. L’Évangile y est pour quelque chose. La jeunesse n’est pas une affaire de date de naissance, mais de cœur. Parmi les 40 livres que j’ai écrits, la plupart s’adressent aux jeunes. Ceux qui me semblent toucher le plus les jeunes sont : « Accroche ta vie à une étoile » (Albin Michel), « Que peut-on dire aux hommes ? Saint Exupéry en approche de Dieu » (Mame), « La passion de la rencontre » (Le Relié) et « Journal d’un novice » (Salvator).

Je ne pourrai être parmi vous cette année pour la Journée de rentrée de la Cité des jeunes, mais je prierai fort pour vous, soyez-en sûrs !

Stan Rougier.