Silence…


Je me laisse couler au fil du temps

Je ne m’applique à rien

devenu tout entier « d’application »

Ô mon amour qui est silence

J’ai besoin d’échapper vers toi

toi qui habites au-delà

des désirs et des pensées,

au-delà des mots

et du temps.

(Photo ©Stan Rougier) Écosse, entre Cargyll et Glencoe

Du matin au soir je cours

d’une rencontre à l’autre…

Je suis l’enfant de ce siècle vorace,

où la parole est bavardage

et l’acte possessif.

Où l’événement se fait image

et le coeur se meurt de ne pas aimer.

Peut-on mettre les deux pieds dans le même sabot?

Peut-on mettre deux vies dans le temps d’une seule ?

(Photo ©Stan Rougier)

Voici que le silence nous rend

le prix des mots

et le parfum des choses

et le goût d’une action

qui soit action de grâces.

Ne rien faire, ne rien vouloir.

Écouter le vent ou le chant d’un oiseau

Écouter

(Photo ©Stan Rougier) La Flégère

comme un enfant la vie au ventre de sa mère,

l’oreille contre son coeur.

Comme une graine au fond des sillons

se déshabille

et rêve aux ailes des moulins.

Comme la chenille rampante et velue

s’immobilise en sa retraite

et de ses laideurs

voilà qu’elle tire

un monde tout en couleur

et qui palpite.

Un monde d’ailes et d’antennes

qui se précipite à l’invitation des fleurs.

Nos fièvres et nos contradictions

nos hontes et nos dégoûts

nos infidélités et nos blessures,

©Francisco de Zurbaran : « saint Luc en peintre devant la crucifixion »

efface-les, Seigneur,

de Tes doigts de silence.

(Stan Rougier)

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