« Le paternel »


Je sors à l’instant d’une séance du film « Le Paternel ». Le sujet est d’actualité. Depuis 50 ans, je ne cesse de lire dans des revues de longues chroniques avec le titre : « Pour ou contre le célibat des prêtres? » Dans ce film, un prêtre d’une quarantaine d’années reçoit la visite d’une ancienne bien-aimée du temps du séminaire, qui lui présente son enfant de 11 ans : « C’est ton fils ! »

Pareille nouvelle, qu’il apprend aussi abruptement après toutes ces années de silence, le bouleverse. Comment pourrait-il accéder, sur le champ, sans aucun recul, sans aucune réflexion, à la demande cash de cette femme qu’il a aimée quand il n’était encore séminariste, de reconnaître son fils et de l’élever ? Qu’importe à cette ancienne bien-aimée amère d’avoir élevée seule cet enfant toutes ses années, elle le culpabilise et le pressionne fortement pour qu’il les héberge le soir-même, elle et leur enfant.

Photo ©Stan Rougier : La Gomera, Canaries

Le comportement de l’évêque et des confrères n’est guère en phase avec le commandement du Christ. Pharisiens conservateurs et accusateurs de celui qui vient troubler leur zone de confort et d’hypocrisie bien installée…
L’évêque (excellent acteur) est une véritable caricature, qui « cherche dans les caresses de son chien-chien l’affection humaine qui lui manque » comme le lui lance le prêtre qui vient lui ouvrir son cœur. Et qu’il tance parce qu’il le met, lui et l’Église dans l’embarras.
« Le droit canonique n’interdit pas à un prêtre d’élever un enfant », répond le prêtre-papa, qui avait demandé un éclairage à un de ses amis juriste reconnu de droit canonique.

Si l’auteur du film veut faire avancer la cause d’une modification du statut du prêtre dans un sens analogue à la règle orthodoxe ou protestante, c’est raté. En effet, la mère de l’enfant se comporte comme un vrai boulet… J’ai de nombreux confrères qui se sont mariés et d’autres qui ont eu des enfants pendant leur sacerdoce. Chassés par leurs évêques et leurs confrères comme des criminels…

Ni miséricorde ni réflexion… « Pas de vagues ! » est le maître-mot.

Comment oublier Mgr Jeronimo Podesta, évêque d’Avellaneda, expulsé de son évêché par la police argentine en décembre 1967, puis suspendu a divinis en 1972 par le Vatican pour le faire taire, sous la pression de la junte militaire argentine, et décidant d’épouser alors, Clelia Luro, son assistante, et à qui tous ses confrères avaient aussitôt tourné le dos, sauf un : Mgr Bergoglio ? Il pleurait sur mon épaule, quelques semaines avant son départ pour la Maison du Père, son chagrin inconsolable que lui procurait le sentiment de culpabilité d’avoir abandonné les siens…
J’aurais aimé leur demander leur avis sur ce film. Mais il est trop tard : 9 sur 10 sont décédés.


Je me suis lié d’amitié avec un prêtre roumain marié qui me disait : « Avec une femme généreuse, le prêtre devient « un prêtre et demi ». Avec une femme à problèmes, il n’est plus qu’un demi-prêtre ».
Il semble que le célibat sacerdotal ait été inventé à une époque où le mariage était rarement aussi profond que le « Cantique des cantiques ». Il y a 1000 ans, l’Église instituait le célibat des prêtres pour ne pas perdre les territoires, sur lesquels elle appuyait sa puissance… temporelle, dévolus par héritage à la mort du prêtre à ses descendants.
Les contingences sont aujourd’hui bien différentes mais les mentalités se sont figées sur la devanture, avec force hypocrisie, cléricalisme et mensonges, et sans compter la douleur sans nom pour les exclus.

Photo ©Stan Rougier

Ce sujet a fait couler beaucoup d’encre, certes, mais combien plus de larmes et de désespoir pour les « bannis », et leurs familles !!!

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