L’Occident et Dieu


On a chassé Dieu par la porte mais l’âme a des besoins elle aussi. Elle revient par la fenêtre. Par quoi remplace-t-on Dieu ? Le foot, le tennis et quelques compétitions variées, l’argent, l’argent, l’argent, l’avoir, le paraître, apaisent brièvement la soif de transcendance de l’homme du XXIe siècle. L’homme est mal-heureux.

Des gourous en tout genre font leur beurre un peu partout. Beaucoup discréditent les besoins de l’âme comme on discrédite les élans amoureux avec des vidéos de pornographie.

Se méfier des contrefaçons, développer l’esprit critique des jeunes, leur permettre d’échapper à l’attraction vertigineuse des influenceurs en tous genres… voilà une matière qui pourrait prendre toute sa place dans l’agenda scolaire. Quel titre lui donnerait-on ? Sagesse ? Formation de l’esprit ? Protection de l’enfance ?…

photo ©Stan Rougier

En ce qui me concerne, je fus jeté au confluent d’une jeunesse qui cherchait des points d’appui pour échapper au vide. De plus en plus jeunes, des adolescents font entendre des cris de douleur violents, ils lancent des « appels au secours » déchirants, parfois aussi c’est leur silence qui précède le naufrage du suicide. Qui les entend ? Qui peut les entendre au milieu du brouhaha médiatique pour des choses insignifiantes,  qui ne donnent sens à aucun intérêt vital de la jeunesse, ni des moins jeunes, mais qui empêchent à la soif de transcendance et d’engagement de s’exprimer. On enlève leur humanité à des générations qui demain gouverneront.

Où sont les transcendances authentiques ? Il y a des maîtres reconnus : Gandhi, Bergson, Bernanos, Antoine de Saint Exupéry, l’abbé Pierre, Nelson Mandela, Christian Bobin, Christiane Singer… Qui offrirait à ces adolescents un recueil de ces auteurs-là ? Qui donnerait à ces adolescents la force de sortir de l’ornière dans laquelle ils sont poussés, arrachés à leur être profond ? Qui leur donnerait envie de mettre leurs yeux et leur cœur sur des pensées qui leur redonneraient le goût de vivre en plénitude leur destinée ?

Photo coll. cartes postales ©Stan Rougier

Les églises sont perçues à la lumière de quelques-uns de ces phares. On ne parle pas du protestantisme, par exemple, mais de Desmond Tutu. On ne parle pas du catholicisme mais de la petite Thérèse de Lisieux, de Bernadette Soubirous, de l’abbé Pierre, des martyrs du père Claverie, des moines de Tibbhirine, des prêtres enlevés et assassinés en Afrique Noire, en Asie, en Amérique du Sud, de Dom Helder Camara, de Mgr Oscar Romero, de Sœur Emmanuelle, de Mère Teresa…

Les témoins éclairent d’abord par leurs actes…

L’islam est en progression constante sur tous les continents. La simplicité du dogme favorise-t-il cet essor ? Ou s’agit-il d’une autre étincelle ?

Le bouddhisme a également le vent en poupe. Son vocabulaire est plus « dans le vent » : on y parle de « quête de sens », on y expérimente les méthodes de « développement personnel », de « méditation en pleine conscience », plutôt que des dogmes ennuyeux des religions, plutôt que des cassures, que nous appelons « péché » qui, nous séparant de Dieu nous plongent dans l’obscurité et l’angoisse.

photo coll. cartes postales À Stan Rougier

La relation des chrétiens avec leur religion s’apparente à celle d’un vieux couple. « Notre relation, on en a fait le tour »… Elle n’est guère aujourd’hui un moteur vivifiant, une source d’engagement, d’émerveillement…

« Un saint triste est un triste saint. » Seule la joie connaît un pouvoir d’attraction. Le scoutisme de ma jeunesse m’a poussé vers la joie. Ma mère nous y invitait elle aussi malgré les turbulences. Baden Powell était un aimant de joie. Au diable les coupeurs de cheveux en quatre, les arracheurs d’ailes, les pessimistes enracinés… « Dieu vomit les tièdes » (en bon hébreu : ça n’accroche pas, ça se détache).

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Une fille de roi dit, un jour de colère, à sa servante : « Ignorez-vous, mademoiselle, que je suis fille de votre roi ? » Sa servante lui répondit : « Ignorez-vous, Mademoiselle, que je suis fille de votre Dieu ? »

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