Je sors tout « groggy » de plusieurs retraites consécutives. Je parlerais de la tendresse de Dieu six heures par jour pendant un mois sans m’apercevoir que le temps passe.
Sur ma petite Bible culottée comme une pipe, j’ai gravé : « Quand Tes paroles se présentaient, je les dévorais. Ta Parole était mon ravissement, la joie de mon cœur » (Jn 15,16).
Je n’en finis pas d’être ahuri en constatant que les catéchètes de mon enfance m’ont lu la Bible avec des lunettes jansénistes. Je n’en finis pas d’être ébloui par le grand amoureux du Cantique des cantiques. Certains textes de l’Ancienne Alliance juxtaposés avec certains actes du Christ prennent un relief fulgurant. Devant la Croix, par exemple, : « Je t’ai gravé sur la paume de Mes mains… »
À l’écoute de ces paroles et de ces actes d’un amour fou, des rides s’effacent, des blocages se dénouent. J’assiste, éberlué, à des naissances de vieillards. Ceux que des humiliations ont brisés, ceux qui ne voient plus clair sur le chemin à suivre, ceux qui sont écartelés entre deux fidélités, voilà que la Parole de Dieu rend « leur cœur tout brûlant » !
À la lumière de cet Amour, il arrive qu’apparaisse lentement un dessein… un dessein caché. Comme sous la lampe du soir, à travers sa feuille de papier, l’enfant reconnaît les lettres en filigrane : « extra strong », ou, comme au bain du révélateur, apparaît petit à petit sur le papier photographique un visage aimé qui vous sourit. Pourquoi est-ce tentant de lui substituer une interprétation triste, opaque ? L’avenir est tellement plus beau que nos rêves les plus fous. C’est la Bible qui le dit, ce n’est pas moi qui l’invente pour me faire plaisir !
« Merci de t’être effacé devant la Parole de Dieu », me dit un prêtre en quittant la retraite. Ça vaut le coup de vivre pour entendre cela !