« Tu dis que tu aimes les fleurs, tu les coupes
tu dis que tu aimes les poissons, tu les manges
tu dis que tu aimes les oiseaux, tu les mets en cage
quand tu me dis « Je t’aime », j’ai peur » (Jacques Prévert)
Saint Paul désigne de façon réaliste les signes de l’amour véritable. « L’amour ne s’enfle pas d’orgueil, l’amour prend patience, l’amour ne jalouse pas, l’amour ne fait rien de laid… »
J’aime proposer aux fiancés un texte auquel le sacrement de mariage les invite :
« Je m’engage à considérer notre lien comme la réalité la plus sacrée de mon existence.
Je m’engage à ne pas manifester d’agacement si ta gestion du temps n’a pas le même rythme que la mienne
Je m’engage à t’accepter tel que tu es
Je m’entraînerai à éviter les malentendus ou à en
éteindre au plus vite le caractère empoisonné.
Je m’efforcerai de ne rien dire qui puisse t’humilier
ou te blesser.
Je ne serai pas avare de compliments et j’éviterai tout
reproche stérile.
Je m’entraînerai à être disponible pour t’écouter et
pour entrer dans ton univers.
Je m’efforcerai de ne pas caricaturer ou entraver tes
opinions lorsqu’elles contrarient les miennes.
Je ne t’en voudrai pas de tes sautes d’humeur, sachant que le beau temps revient toujours après l’orage.
Je m’entraînerai à chasser mes pensées négatives et à développer les ressources de l’humour.
Je m’entraînerai à respecter ta liberté et tes jardins secrets.
J’essaierai de bannir toute jalousie, me réjouissant que d’autres sachent t’apprécier.
Je souhaite pouvoir donner le meilleur de moi-même pour contribuer à ton accomplissement, être eau et lumière pour la fleur unique que tu es.
Et comme jamais je ne parviendrai à suivre de façon rectiligne la piste qui mène à cette étoile, je m’engage à être assez humble pour savoir te demander pardon. »
« Soyez comme votre Père qui fait briller Son soleil sur les méchants comme sur les bons et qui fait tomber Sa pluie sur les injustes comme sur les justes. »
C’est étrange de voir dans l’Évangile comment la pureté de l’amour a dressé l’humanité contre Lui. Lorsque Jésus guérit dans l’urgence le jour du shabbat, on se dresse pour le supprimer. Ils sont nombreux ceux qui ont puisé dans l’Évangile la boussole de leurs comportements : l’Abbé Pierre, Nelson Mandela, Helder Camara, les moines de Tibbhirine…
Jésus nous donne simplement trois mots pour servir de repères : « Emet » (authenticité), « Tsadaka » (justesse), « Rahamim » (compassion).
Lorsqu’on demande à Jésus de clarifier l’exigence d’amour du prochain, c’est l’histoire bien concrète du bon Samaritain qu’il propose. Aimer n’est pas l’expression de la sensibilité, c’est un acte, un engagement, une mise à disposition de ses forces et de ses talents pour aider l’autre à mieux vivre et à s’épanouir.
Au livre d’Ézéchiel, Dieu Se compare à un prince qui ramasse dans un champ une petite fille abandonnée là au jour de sa naissance. Il lui dit : « Tu vivras, tu t’épanouiras comme les fleurs des champs » (Ez 16).
François d’Assise s’est converti le jour où, descendant de cheval, il embrasse un lépreux. Il réalise que seul Dieu peut lui avoir inspiré ce geste.
Dieu est venu sur terre pour apprendre à l’humanité ce que le verbe « aimer » veut dire. Cet idéal de l’Évangile, c’est surtout Antoine de Saint Exupéry qui me l’a transmis. « Il n’y a que des gens désespérés et qui manquent de soleil. Ce que j’aime en quelqu’un, c’est de l’anoblir. Ce que j’aime en quelqu’un, c’est de soulever un visage noyé au-dessus de la rivière, de tirer de lui un certain son de voix, un certain sourire. J’ai peut-être une vocation de sourcier et j’irai chercher loin dans la terre. »
AIMER, c’est écouter celui qui vient d’être humilié et qui crie son indignation.
AIMER, c’est être pour l’autre ce que le soleil et l’eau sont pour les plantes.
AIMER, c’est garder l’espérance au sujet d’un être qui vous a déçu.
AIMER, c’est souffrir en silence sur les mauvais choix de ceux qu’on aime.
AIMER, c’est n’imposer à personne une forme de bonheur dont il/elle ne veut pas. (Rencontre du jeune homme riche)
AIMER, c’est se faire l’avocat de celui que l’opinion, les coutumes ou la loi mettent en procès (Femme adultère)
AIMER, c’est s’abstenir d’enfermer l’autre sur une conduite passée. (Avec le truand crucifié près de Jésus)
AIMER, c’est rendre toutes ses chances à un ami qui a trahi votre confiance. (Jésus avec Simon Pierre)
AIMER, c’est être “ému jusqu’aux entrailles” pour un adversaire de race, de parti, de religion que l’on trouve blessé sur le bord du chemin. (Bon Samaritain)
AIMER, c’est rechercher à travers ronces et ravins celui ou celle qui s’est trompé(e) de bonheur. (Brebis égarée parabole)
AIMER, c’est faire la fête pour le retour d’un fils qui a déshonoré la famille par sa conduite.
AIMER, c’est faire demi-tour sur le chemin du temple ou de l’église parce qu’on se souvient qu’il y a urgence à se réconcilier avant d’oser dire à Dieu “Je t’aime” !
AIMER, c’est parfois dire “Non” devant un dérapage comme on peut cogner sur un ami qui se débat à l’instant où on l’empêche de se noyer…
AIMER, c’est accepter que l’autre ait un avis totalement opposé au nôtre.
AIMER, c’est prendre la main d’un mourant jusqu’à ce qu’il s’endorme.