C’est ainsi que commençait la lettre d’un jeune « aumônien » avec lequel j’ai arpenté avec bonheur un petit bout de planète…
« C’est une histoire quasi incroyable ! On est invité de force sur une petite île qui a justement la forme et la couleur d’un paradis terrestre et oiselier. Des fleurs jaunes partout, sauf là où il y a des linaigrettes.
La mer grise, bleue ou verte ou argent… et des oiseaux, des oiseaux ! Des mouettes comme autant de longs courriers nonchalants, qui maîtrisent le vol plané d’un bout d’aile négligent. Puis c’est le royaume des sternes, vifs, criards, agressifs, pointus comme les avions de chasse.
Enfin, les chéris des foules qui ne savent plus s’ils font rire de leur air ampoulé de professeurs très dignes en queue-de-pie démodés ou bien de leur démarche que rythme un croupion au ras des pâquerettes, comme de petits enfants encombrés de leur couche. Au lieu du bec de Monsieur tout-le-monde, ils ont préféré (c’est leur droit) une grosse pince de crabe multicolore.
Et puis, qu’est-ce qu’ils ont dans leurs bajoues ? Et pourquoi ont-ils toujours l’air de ne regarder que la ligne bleue des Vosges ? Au point de ne remarquer l’impétrant que quand il semble les moquer ?
Probablement les raisons qui provoquent leurs plongeons, leurs volte-face, leurs rassemblements sont impénétrables. À leur vol lourd d’avion-cargo, ils sont identifiables sans hésitation. Leur course interminable pour décoller fascine par tant de vulnérabilité. S’ils sont excellents pères de famille, ils le sont, aux dires d’iconoclastes sans coeur, également en fricassée. Tant d’heures d’observation patientes et émues nous ont permis de connaître l’appellation de ce volatile. «
Vous avez deviné ?
« Macareux-moine » est leur nom.