« On est de son enfance comme d’un pays » (Antoine de Saint Exupéry).
Sur ce visage de gitan, je lis la crainte… On m’appelait « le Toungouse » sans jamais me dire le sens de ce mot.
Ensuite, il y eut « malapate »… je flairais « maladroit ».
Mon enfance est myosotis et chardons,
embrassades et taloches,
applaudissements et bonnet d’âne,
éblouissements et cauchemars.
Elle n’est pas très loin l’enfance.
Elle est cachée dans les songes.
Elle rit aux anges à faire plisser les yeux.
Elle sanglote pour des riens,
elle regarde effaré les colères des « grandes personnes ». Qu’est-ce qui leur arrive de prendre feu pour des broutilles ???
L’enfance se cache pour pleurer,
elle en veut aux théorèmes et aux déclinaisons,
L’Univers est tellement plus beau que ces boites dans lesquelles on enferme les choses.
L’enfance jubile sur le dos des chevaux et souffle sous les flocons de neige,
elle retient les battements de coeur et les cris de colères,
elle s’étonne devant les forteresses que sont les grands-parents, les parents, les professeurs et autres chefs d’orchestre,
elle se demande si du Ciel vient la foudre ou la tendresse…
Mon enfance fut profondément marquée par une séparation totale d’avec ma mère 8 jours après ma naissance. Mis en nourrice auprès d’une espagnole dont je ne sus jamais rien sinon qu’elle eut un fils qui devint prêtre lui aussi. Je revins en famille à l’âge de 2 ans et je fus regardé comme un intrus par tel ou tel membre de la fratrie.
Mon rêve aurait été d’avoir deux enfances… un brouillon d’abord, … une autre ensuite « au propre », sans taches sur le papier.
Peut-être est-ce maintenant… le temps de « remonter » en enfance ?…