L’automne de la vie : le temps de l’inventaire. Qu’avons-nous appris ?
L’amour seul demeure.
C’est à 75 ans qu’Abraham débute sa mission. Moïse attendra d’avoir 80 ans.
Alors, debout les vieux que les Africains nomment joliment les « anciens » ! Nous pouvons « témoigner ». Ce que nous avons vu, entendu, vécu est une mine d’expériences, d’intuitions, de sagesse…
À qui transmettre ?
Comment transmettre ?
« Le langage est source de malentendus » (Antoine de Saint Exupéry). À la fin d’une conférence à Montréal, un jeune me dit : « C’est écœurant ce que vous nous avez dit. » Me voilà tout triste. Celui qui me ramène chez un paroissien pour la nuit me demande pourquoi je suis déçu. Je lui raconte cette réflexion d’un jeune. Il me dit : « Oh Comme vous êtes chanceux ! Ça veut dire : « Ça touche le cœur. »
Souvent ce sont des traductions médiocres qui m’ont privé de la Parole de Dieu. Quel drame d’avoir traduit « yare » par « crainte », on nous a donné la frousse de Dieu. Le tremblement amoureux devenait la trouille. « L’adoration frémissante » devenait « la peur ».
Chaque péché nous précipitait vers le confessionnal comme on allait se faire retirer à l’école les « heures de retenue ». On nous a volé une part de notre enfance avec une religion amidonnée. Avec un père dénicheur de coupables cela faisait une curieuse atmosphère assez morbide.
Sans le scoutisme qui mettait la tendresse et la joie au pinacle que serais-je devenu ?
Une feuille toute blanche dans ma boite. Qu’en faire sinon la jeter au panier? Un souvenir passe dans mon esprit : « Si le message était écrit au citron? » À la flamme du gaz, voici en effet que le papier révèle son trésor.
Ainsi dans nos vies les événements et les rencontres sont très souvent chargés des messages d’en-Haut.
Notre pape veut rajeunir l’Eglise. Souvenir de ma conversation avec lui à Buenos Aires, 8 ans avant qu’il soit pape. Et voilà que quelques évêques américains coincés s’ingénient à lui mettre dans les roues tous les bâtons possibles et imaginables.
Matin d’un 1er janvier. J’ai passé la nuit à lire « Les 7 demeures de la reine » de Christiane Singer, dans les ruines du bagne de Guyane (sur l’ile du Diable). À 7 h, je hasarde le bout du nez hors de l’ancienne cellule où je m’étais abrité. Un bel oiseau sort de la forêt et se pose sur mon épaule. Il reste là assez longtemps pour qu’un passant puisse prendre ce petit cliché souvenir.
Le Ciel ne cesse d’envoyer des signes. Le vert est la couleur de l’espoir.