Je sais que, pour beaucoup de mes amis prêtres, le bréviaire est une « contrainte », presque une corvée. Qui a, comme nous les prêtres, le cadeau, le privilège, d’une mission de lecture de poèmes sublimes chantant la détresse des hommes et la Gloire de Dieu, les soucis des hommes et les générosités de Dieu, les cruautés des hommes et la miséricorde de Dieu enchevêtrés ?
C’est peut-être d’en avoir fait une « obligation » qui fausse tout.
J’ai vu des prêtres au milieu de la nuit endormis, le bréviaire ayant glissé le long de leur soutane jusqu’ à leurs pieds. C’est héroïque mais est-ce bien cela qui était requis?
C’est comme l’idée d’avoir nommé « devoir conjugal » la fantastique poésie de l’union amoureuse des couples !… Ça, fallait vraiment l’inventer !!!!!!
Peut-être est-ce pour cela que les migraines sont plus fréquentes sous les alcôves.
Pourquoi pas
le devoir de contempler un lever de soleil ?
le devoir de mordre dans une grappe de raisin?
le devoir de rentrer dans la rivière un jour de canicule?
Je rêverais de recommencer ma vie avec bien plus de louange d’émerveillement, de gratitude, d’enchantement…
La joie rend généreux. Les déçus deviennent souvent des aigris. Les prêtres aigris, désabusés, épuisés, expliquent la chute des vocations.
Je ne saurais jamais dire combien j’ai eu la trouille de ressembler à certains d’entre eux, comme ce « Préfet de discipline » curé me tirant l’oreille au risque de la décoller et disant d’une voix sifflante : « Vous sifflerez dans les bois ! » Il pouvait toujours rabâcher dans ses cours : « Dieu est bon » !…
Je peux battre ma coulpe. J’ai répandu des remarques cafardeuses beaucoup trop souvent…