Notre Dieu est un Dieu discret. Il voyage incognito. C’est pourquoi tant de nos contemporains se détournent : « Si Dieu existait, Il ne nous laisserait pas dans le doute à Son sujet. Un père qui se cache de son enfant n’est pas un père. »
Dans le même temps, d’autres osent faire appel à Lui, s’entretiennent avec Lui, Lui confient leurs projets. Ceux-là constatent chaque jour la fécondité de Sa présence.
Ainsi priait un mystique musulman, Mohamed Iqbal :
« Tu fis la nuit, je fis la lampe.
Tu fis l’argile, je fis le vase.
Tu fis le désert, je fis le jardin »
L’étroite alliance entre Dieu et Sa créature peut métamorphoser la grisaille du quotidien en fiançailles merveilleuses !
L’Esprit Saint est celui qui, du coeur de la Trinité éternelle, anime le courage, la confiance, l’enthousiasme, la joie des croyants.
« Le Père est la source de l’Amour, le Fils montre l’Amour, l’Esprit communique l’Amour », me disait mon ami le père Alphonse Goettmann, prêtre orthodoxe.
Si la raison d’être du Souffle saint de Dieu est de nous communiquer le Père et le Fils, comment ne pas faire appel à Lui pour tout ce qui concerne l’Essentiel ? Peut-on demander à Dieu moins que Dieu ?
« Vous savez donner de bonnes choses à vos enfants… A fortiori votre Père du Ciel donnera l’Esprit Saint à ceux qui Le Lui demandent » (Lc 11, 13).
« Où donc est mon Espérance ? » demandait le malheureux Job (Jb 17, 15). Elle ne pouvait pas être ailleurs que dans cet Esprit consolateur.
« Je prierai le Père et il vous donnera un autre défenseur qui sera pour toujours avec vous… L’Esprit de vérité… Il sera en vous… Il vous fera tout comprendre » promettait Jésus aux apôtres déchirés par son départ. « Je ne vous laisserai pas orphelins » (Jn 14, 16).
« Il suffit d’un signe de Vous pour que le désert se transfigure et que le sable blond vers l’horizon et le grand vent pacifique ne soient plus somme incohérente mais empire vaste où je m’exalte, et qu’ainsi je sache vous lire à travers… » Ainsi priait le grand Caïd qui s’exprime tout au long du testament spirituel d’Antoine de Saint Exupéry, Citadelle.
L’Esprit Saint est celui qui donne le sens. Encore faut-il Lui demander ce « nœud divin qui noue les choses » ! Dieu ne S’impose pas, Il Se propose.
Pascal décrivait trois « ordres », trois niveaux de grandeur :
- la puissance (César ou Alexandre),
- l’intelligence (Archimède),
- l’Amour (Jésus Christ).
C’est l’Amour qui est au cœur et au terme. Lorsque j’entends le mot «Esprit Saint», si je ne pense pas aussitôt « Amour », je n’ai rien compris. Il est vrai que le mot « Esprit » a malheureusement trop servi à faire tourner des tables !…
Le mot hébreu « Ruah » exprime le Souffle divin.
L’amour est l’essence du Dieu Trinité. En Dieu se trouve l’Aimant, l’Aimé, l’Amour, et chacun de ces Trois est « Quelqu’un ». De nombreux chercheurs de Dieu à travers le monde répugnent à cette représentation. Comme si « être quelqu’un » était indigne de Dieu ! Pour une part ils n’ont pas tort, car le Père, le Fils, l’Esprit ne sont pas des « quelqu’un » ordinaires. C’est nous qui réduisons le terme en étant si peu ou si rarement « quelqu’un ». On n’est quelqu’un que lorsqu’on aime.
« À mesure que tu parles, j’existe. » fait dire Paul Claudel à l’un de ses personnages. Seul l’amour peut faire émerger le « quelqu’un » qui se cache en chacun de nous. Il nous arrive d’être « quelqu’un » de temps en temps. Chaque personne divine est pleinement « quelqu’un » à temps plein !
Souffle consolateur, délivre-nous de tout orgueil
qui voudrait nous faire croire
que nous sommes propriétaires de Toi.
Enracine nos attentes sur Tes projets.
Nous T’invoquons pour réaliser nos plans, nos méthodes, nos systèmes, nos institutions et nos constitutions.
Pauvres de nous ! Il nous faudrait permettre à nos cœurs de recevoir Ton Souffle. Ton Souffle qui donne vie…
Viens Esprit Saint,
Réconcilie nos différences !
Souffle de Dieu qui délivre de tant d’étouffements
fais de nous des grands vivants !