Comme on rajeunit aux souvenirs d’enfance !
Je me souviens de ces temps remplis de rêves…
Il suffisait d’un rien pour embellir les jours
Quelques flocons de neige dansant sous des lampadaires
Des petits bateaux bruns taillés dans l’écorce des pins
Nous portions dans le cœur les rêves les plus beaux
L’odeur du foin coupé était une extase
Une cabane en haut d’un arbre s’appelait un château
Que de fois j’ai prié le temps : « Arrête tes horloges !
Laisse-moi un jour de plus le parfum de ces instants
Pour qu’ils se changent en souvenirs
Ma sœur était ma beauté et ma joie, mon horizon
Nous avalions les kilomètres en chantant une rengaine
Des rochers semblables à des flèches de cathédrales
Abritaient les vautours
Avec mon frère plus jeune nous remontions la Nivelle
À grands coups de pagaies.
Nous nommions ce petit fleuve : « L’Orénoque ».
Nous n’étions pas des Luziens mais des Indiens remontant la rivière.
Nous avions inventé l’art d’enchanter le quotidien.
Ce n’étaient pas des montures quelconques les petits ânes des amis Trottin,
C’étaient de fiers destriers de Sambre et Meuse.
Dieu donnait une âme aux vagues, aux bêtes et aux gens
L’avenir était à nous, nous avions 12 ans.
Nous inondions nos prunelles des couleurs du printemps.
Le vent, les pierres, l’écorce des chênes et l’odeur des fougères
La rose mystique du jardin de Bon Papa
Nous soufflaient en secret : « Aimez-vous, c’est votre destinée. »
Crois-tu pouvoir, un jour, te l’arracher du cœur
cet appel que te fit un visage d’enfant :
« Aime-moi ou je meurs » ?
« Aime-moi comme je suis ou je meurs »