Aimer, c’est notre destinée


Comme on rajeunit aux souvenirs d’enfance !

Mes années-bonheur dans le scoutisme

Je me souviens de ces temps remplis de rêves…

Il suffisait d’un rien pour embellir les jours

Quelques flocons de neige dansant sous des lampadaires

Des petits bateaux bruns taillés dans l’écorce des pins

Nous portions dans le cœur les rêves les plus beaux

L’odeur du foin coupé était une extase

Une cabane en haut d’un arbre s’appelait un château

J’avais 12 ans et l’émerveillement faisait tourbillonner mon cœur

Que de fois j’ai prié le temps : « Arrête tes horloges !

Laisse-moi un jour de plus le parfum de ces instants

Pour qu’ils se changent en souvenirs

Ma mère nous appelait, ma sœur et moi : « les jumeaux »

Ma sœur était ma beauté et ma joie, mon horizon

Nous avalions les kilomètres en chantant une rengaine

Des rochers semblables à des flèches de cathédrales

Abritaient les vautours

Nous partagions, ma sœur et moi, le même appétit de la vie

Avec mon frère plus jeune nous remontions la Nivelle

À grands coups de pagaies.

Nous nommions ce petit fleuve : « L’Orénoque ».

Nous n’étions pas des Luziens mais des Indiens remontant la rivière.

Nous avions inventé l’art d’enchanter le quotidien.

En remontant « l’Orénoque » avec mon frère Alain

Ce n’étaient pas des montures quelconques les petits ânes des amis Trottin,

C’étaient de fiers destriers de Sambre et Meuse.

Dieu donnait une âme aux vagues, aux bêtes et aux gens

L’avenir était à nous, nous avions 12 ans.

©Photo Stan Rougier

Nous inondions nos prunelles des couleurs du printemps.

Le vent, les pierres, l’écorce des chênes et l’odeur des fougères

La rose mystique du jardin de Bon Papa

Nous soufflaient en secret : « Aimez-vous, c’est votre destinée. »

Crois-tu pouvoir, un jour, te l’arracher du cœur

cet appel que te fit un visage d’enfant :

©Photo Stan Rougier

« Aime-moi ou je meurs » ?

« Aime-moi comme je suis ou je meurs »