Camps de Pâques…


En passant par l’Espagne

Lecture de la Passion dans la cathédrale de Lekeitio.

Réalisme de ce squelette près d’un crucifix. Beauté de ce Christ enseveli.

Balade dans le port, chef d’œuvre d’harmonie. Les mouettes blanches tournoient dans l’attente du départ des bateaux bleus… Arrêt sur la plage d’Ondorroa… Certains grelottent sous trois chandails, d’autres ne peuvent se résoudre à sortir de l’eau. Vers 11 heures du soir, une vingtaine d’amoureux de la nature s’en va dormir à la belle étoile…

Au fond de notre crique rocheuse, éclairée par un grand feu d’épaves, nous ressemblons à des hommes préhistoriques ou à des flibustiers. Les chants, le vacarme régulier de la mer, la pomme braisée, la pleine lune, et tout plein de petits riens qui ont le charme fou de l’amitié et de la beauté nous donnent une euphorie d’enfants…

Vigile pascale à Issoire

La messe est une « re-création ». Nous nous adressons à Dieu, ensemble, c’est déjà une telle joie ! Nous nous tournons vers Dieu ensemble. Nous sommes frères et sœurs, ne faisant qu’un avec le Christ lui-même dans la ferveur et dans l’élan de l’Esprit t. C’est le Souffle saint qui nous donne le feu sacré, l’enthousiasme (grec : « en Dieu »).

Cette prière, qui a été celle des premiers chrétiens, est moulée sur le « Seder » des juifs, avec l’offrande du pain et du vin. Le pain azyme, parce que les Hébreux n’avaient pas le temps de faire du pain avec du levain. Ils allaient fuir pendant la nuit pour quitter l’Égypte. C’est grandiose la messe ! Nous nous souvenons de la libération d’Égypte. C’est la Pâque… C’est le passage de la mort à la Vie. N’est-ce pas dans cette Espérance invincible que s’enracine notre joie ?!…

À Issoire, dans les années 80, cinquante jeunes de notre camp sortent de l’église, après la Vigile pascale, dans la nuit, avec leurs bougies allumées. Ils crient à tue-tête : « Christ est ressuscité ! » « Christ est ressuscité ! » Le regard illuminé de joie, portant haut la lumière de leur cœur en fête, ils chantent et dansent : « Christ est ressuscité ! » On ne peut plus les arrêter. Des passants, surpris par ce tintamarre inhabituel, leur demandent mi-curieux, mi-inquiets :

–« Qu’est-ce qui se passe ? »

À l’unisson, dans un débordement de joie, l’exclamation jaillit de nouveau :

–« Vous n’êtes pas au courant ? Christ est ressuscité ! »

Ils ont chanté ainsi et ri et dansé tout au long des kilomètres qui nous séparaient du lieu de campement ! Et la veillée s’est prolongée tard dans la nuit. Leur joie était telle que personne ne songeait à s’endormir, même sous les étoiles…

"Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain, 

cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »

(Ronsart, Sonnet pour Hélène)