Le Toungouse


Dieu m’a invité. Dieu va me recevoir. Alors c’est donc vrai… j’existe? J’ai une identité ?

Mon identité, je la capte sur le regard des autres. « J’ex-iste » c’est-à-dire je me tiens devant le regard des autres. Ce sont eux qui me définissent.

Que faire avec eux ?

Les éviter ?

Les séduire ?

Les combattre?

Rivaliser ?

« Créer un lien » ?

Voilà le bon chemin : « créer un lien ».

Depuis quelques années, j’ai constaté que l’on m’aime si je fais de beaux dessins, si je réponds bien à des questions : « Donne les noms de tous les prophètes d’Israël ». J’en oublie un, je finis par dire son nom d’une voix hachée : « Jé-ro-bo-am ». Éclats de rire. Je découvre cet environnement spécial nommé « l’ironie ».

J’ai 4 frères. Nous sommes en lice. On m’aimera si je fais ceci ou si j’évite cela. Ma mère essaie de me protéger : « Arrêtez de mécaniser ce pauvre Stani ! « 

Avec ma fratrie, en 1934

Voilà je découvre que ou bien on « plaît » ou bien on est « mécanisé ».

J’apprends diverses stratégies. Les autres gratifient, ou non, ces stratégies. On m’appelle « le Toungouse ». Je vois bien que ce n’est pas reluisant.

S’il y a quelqu’un à qui je déplais, alors c’est surtout celui-là qui compte. Voilà ! je découvre qu’exister, c’est trouver le bon espace entre l’autre et moi.

Heureusement il y a « la meute » où deux de mes frères sont déjà des anciens. J’apprends la loi de la jungle. « Chaque jour faire un plaisir à quelqu’un », ça colle juste avec le Caté : « aimer », « aimer ».

Je voulais d’abord en remplir mon magasin de l’amour avant de pouvoir en donner. Mais, c’est vrai, l’amour c’est comme une boussole, ça donne de la couleur aux journées.

T’en as pour 93 ans minimum mon petit vieux ! « Vieux » c’est l’appellation la plus amicale. Si mon grand-père m’offre une gentille remarque, il ajoutera « mon petit vieux ».

*

Ce jour où « Dieu va venir chez moi », un jour de joie immense. S’il venait habiter chez moi, c’est que Lui, Il m’aimait. Pour de vrai !

Avec moi, dans la célébration de Première Communion, il y a Brigitte, il y a Anne, il y a Colette, il y a Jacques, Philippe et mon jeune frère Alain… et moi, « le Toungouse », au milieu, juste devant « l’homme en noir ». Ce jour-là, j’étais fier. Fier et tellement heureux !

Ma Première communion

C’est drôle je me souviens très très bien de chacun et de chacune sur la photo mais pas du tout de cet « homme en noir ».

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