C’est fou comme à l’automne de la vie le souvenir du printemps revient en force à la mémoire.
À 15 ans, j’aurais volontiers signé ce vers de Hugo : « Je doute dans un temple et sur un mont je crois. »
Les prêtres, excepté les aumoniers scouts, avaient des vérités glacées sorties du frigo. La loi, le devoir, le péché, l’encens. Tout avait le parfum de l’ennui. Mais l’Eglise, c’était comme le Lycée : Si tu veux Rimbaud, tu passes par la monotonie des profs. Si tu veux l’Evangile, tu passes par les toiles d’araignées des curés.
Huit années de formation durant lesquelles les ferveurs de Jean de la Croix et le morne ennui du Droit canon se sont croisées.
Et là, dès l’ordination, ce fut la douche glacée.
Des curés bloqués qui vous considèrent comme un déviant parce que vous faites entendre des Negro Spirituals à des adolescents.
Des jeunes qui viennent au camp pour les joies de la neige ou de la mer mais vous regardent avec un œil soupçonneux si vous parlez d’un Dieu ivre d’amour.
Une tige de métal rougie à 1 000 °C devient vite très froide et noire si on lui demande de traverser un pain de glace. Ce que je craignais durant les 8 ans de formation est arrivé. La passion s’est un peu refroidie.
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Mais dix ans plus tard par l’effet de « L’avenir est à la tendresse » tout a changé.
– Plus de 400 conférences.
– Plus de 100 retraites
– Un grand nombre de prédications Radio France et Jour du Seigneur
– Près de 50 livres.
Ce qui est bien, c’est que la « retraite » n’existe pas, même après 90 ans…
Le meilleur est toujours à venir.