En cet hiver 2022, le monde ne tourne plus très rond. Des pays se jettent sur les armes pour résoudre leurs problèmes. En prenant des civils innocents pour cible principale. Des pestes aux noms variés ajoutent leurs hécatombes à celles des armées.
Et pourtant, pourtant un bourgeon têtu crève le sol durci.
Un amour vient de faire son nid dans le cœur de deux jeunes, qui ont la naïveté de croire à l’amour comme on croit au printemps, comme on croit à la vie.
Il faut dire que ces jeunes sont des originaux. Comment expliquer que, dans ce monde où les portes se ferment, ils croient au dialogue ? Dans ce monde où les cœurs se durcissent, ils croient à la tendresse. Il leur est arrivé une visite de Dieu. Saint Jean décrit ce miracle : « Nous avons connu l’amour et nous y avons cru. »
Ils se sont attachés très tôt à ce trésor qu’est l’Évangile. Grâce à quelque poète comme Khalil Gibran, grâce à quelque Dieu comme Celui dont nous venons de fêter la venue sur notre terre, grâce à quelques rencontres, ils ont eu tous les deux, le privilège de recevoir en cadeau le secret de la tendresse. Ils ont cru que c’était possible de passer soixante ou soixante-dix années côte à côte sans lassitude, sans durables querelles.
« Je t’enseignerai l’amour par l’exercice de la prière » écrivait Antoine de Saint Exupéry. Comme ils sont devenus rares aujourd’hui les jeunes pour lesquels le mot « prière » évoque quelque chose ! Ceux-là ont appris que la prière est la respiration du cœur et de l’âme.
C’est un beau message de se marier aux temps de Noël puisque le Dieu qui est arrivé sur notre terre il y a deux mille vingt-trois ans est l’amour fait homme.
Vous qui allez dans un instant unir vos vies, rendez grâces sans vanité d’avoir reçu le cadeau de croire à l’amour, non par une foi naïve, comme on croit qu’il va faire beau, mais par un cadeau divin. Ce que la Bible nomme une grâce.
« C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante. » 10 années de catéchèse ont ancré ce message-là dans le cœur d’un écrivain-pilote.
Tout se joue dans nos existences sur cette très très mystérieuse réalité que l’on nomme « amour ». Mais ce mot a tant de contrefaçons qu’on peine à le prononcer. Jacques Brel l’avait remplacé par « tendresse ». La tendresse, c’est d’entendre les battements du cœur de l’autre, de les deviner même. Être à l’écoute devant l’autre qui aspire à quelque chose qu’il ignore lui-même, devant l’autre qui, parfois, a mal. Tout se joue là.
Beaucoup ont dit cela, avant que Dieu vienne le confirmer et le prouver en Jésus Christ. Je pense à Antigone : « Je ne suis pas née pour la haine. Je suis née pour l’amour. » Je pense aux grands sages de l’hindouisme. Je pense au mystique soufi Al-Hallâj.
Croire à l’amour, ce n’est pas croire au Père Noël, c’est entrer dans la lumière.
Le secret de l’amour, c’est d’aimer toujours et encore lorsque l’autre se montre rugueux, difficile, renfermé sur lui-même, contrariant. Aimer le beau, le parfait, le sublime, qui pourrait s’y dérober ? Ce n’est pas encore de l’amour, c’est de la séduction…
« L’amour vous passe au tamis pour vous libérer de votre bale
Il vous passe au moulin jusqu’à vous blanchir,
Il vous pétrit jusqu’à vous rendre malléable ;
Et alors il vous livre à son feu sacré, afin de faire de vous le pain sacré du festin sacré de Dieu.
Toutes ces choses, l’amour les fera en vous afin que vous puissiez connaître les secrets de votre cœur et, les reconnaissant, devenir une parcelle du cœur de la Vie. » (Khalil Gibran, Le prophète, 25).