Mon cher Tony


Tony fut mon premier ami. Cette amitié date de nos 11 ans. J’ai envie de lui rendre hommage ici, aujourd’hui :

Tony, mon cher Tony

Chacun de nous ici a dans son coffret à souvenirs une provision d’images toutes personnelles. Il n’y a pas une image unique de toi. mais un album immensément varié. Tu pourrais nous demander : « Qui suis-je pour vous ? » ou : « Qui ai-je été à vos yeux ? »

Chaque rencontre est une théophanie. Que de fois nos routes se sont-elles croisées !

Une profonde amitié nous a liés depuis 1941. Nous avions alors 10 ou 11 ans. Nous étions toujours en discussion. L’entourage nous soupçonnait d’ »amitié particulière ». Nous en étions à cent lieues ! Mais nous étions semblables aux oiseaux que l’on appelle les «Inséparables».

Des loisirs communs nous rapprochaient davantage que les cours de l’école Massillon.

-Il y eut l’équitation. Les galops autour de l’aérodrome d’Aulnat, la descente du plateau de Gergovie… Ces cavalcades nous préparaient à coller à la vie comme on colle à un cheval ;

-il y eut les 15 étapes en vélo : Clermont-Ferrand-Lourdes, en passant par Saint-Jean-de-Luz ; près de 500 km !…

-il y eut la pêche au thon dans le Golfe de Gascogne ;

-nous avons affronté une tempête sévère au sommet du Plomb du Cantal ;

-nous nous sommes émerveillés en parcourant le gouffre de Padirac ;

-nous avons risqué notre vie dans le Cirque de Gavarnie : en tentant de nous mettre sous une cascade, de plus de 80 mètres :nous en avons eu le souffle littéralement coupé !

-nous avons appris la profonde vérité cachée dans une phrase d’un autre Antoine, qui allait devenir mon étoile polaire, Antoine de Saint Exupéry : « Ta différence m’augmente. »

Je viens de retrouver la touchante présentation que tu fis, mon cher Tony, à l’occasion d’une conférence qu’un de tes fils m’avait demandé de faire dans son école, à Caen, il y a bien des années. « Stan m’impressionnait beaucoup dès l’âge de 12 ans. C’était une force de la nature. Il avait un désir permanent d’apprendre. Plus tard, je le vis comme un lecteur assidu de Maritain, des Pères de l’Eglise et surtout de Saint Exupéry. Il était toujours émerveillé devant la beauté du monde, ouvert, curieux de tout, une sensibilité à vif, surtout devant les petitesses de la société. Avec une joie de vivre qui faisait envie. À la recherche d’une vie où il soit possible d’affronter les difficultés inévitables… Son idéal était de s’accrocher à une étoile. Pas à pas, il essaiera bien des clés sur bien des portes avant de trouver le passe-partout : la Tendresse du Créateur pour chacune de Ses créatures. «Aime et tu vivras» va devenir son étoile. Il va s’orienter vers un ministère atypique privilégiant les jeunes les plus désorientés. Il va comprendre leur psychologie, leurs contradictions. Il a appris à parler avec leurs mots et il trouvera la façon de le dire… Vous avez fait un bon choix en l’invitant à débattre avec vous sur le thème des « relations parents-enfant. »

Tu me présentais comme un modèle de joie de vivre, un professeur d’enthousiasme en gratitude pour ce cadeau superbe que Dieu nous a offert en nous faisant exister. C’est vrai que je ne peux cesser de magnifier cet univers. Pourquoi existons-nous ? Pourquoi ce cadeau prodigieux nous a-t-il été donné ? Nous n’avions rien mérité. Ce fut un cadeau qui ne peut plus nous être retiré… Nous pouvons douter de Dieu, nous pouvons être méchants avec Dieu, nous pouvons ignorer qu’Il est la Source de notre vie, mais Lui ne nous délaissera jamais.

« Que votre cœur cesse de se troubler !, dit Jésus. Je vais vous préparer une place. »

Notre sensibilité, notre intelligence sont-elles capables d’imaginer à quoi pourrait bien ressembler cet univers nouveau dont parlent les Évangiles ? À quoi peut bien ressembler ce Royaume dont Jésus ne cesse de nous parler ? À un banquet de noces qui respire la joie, la fête, la convivialité ?… Il y a aussi les propos rassurants de l’Apocalypse : « De déceptions, de malentendus, de jugements, de chagrins, d’humiliations, de souffrances, il n’y en aura plus. »

Nos sens sont encore incapables d’imaginer l’inimaginable. Prenez les 30 plus beaux moments de votre vie, multipliez-les à la puissance dix mille, vous aurez une toute petite idée de ce que l’Amour infini a préparé pour nous… Le petit enfant dans le ventre maternel n’imagine pas le monde nouveau dans lequel il va entrer. La chenille n’a aucune idée de ses capacités de voltige aérienne…

Faudra-t-il attendre longtemps ? « Aujourd’hui, dit Jésus au truand qui agonise à côté de lui, tu seras avec moi au Paradis. »

*

Les chevauchées de Gergovie, les cascades de Gavarnie, les montagnes basques et ses pottoks, l’océan sans limites… tout cela n’était qu’un minuscule aperçu.

J’entends Jésus te dire, cher Tony : « Tu n’as encore rien vu ! » Les plus intenses bonheurs t’attendent. Joie sans mélange. Ce que nous avons vécu ensemble avec parfois un sentiment d’inachevé, nous allons le vivre avec une claire conscience de la beauté de l’amour : « De cris, de larmes, de mort, il n’y en aura plus ! » Dieu n’est pas avare, Dieu n’est pas mesquin.

Il y a 7 ans, Tony, tu m’écoutais dire ces paroles sur les lieux où elles ont été prononcées, sur les lieux où le Christ fut vainqueur de la mort. La mort est notre seconde naissance. Chaque minute d’ici-bas façonne notre visage éternel…

« Venez les bénis de mon Père… Vous avez su nourrir ma faim de reconnaissance, apaiser ma soif de tendresse… Entrez dans ma Joie divine. Entrez dans mon Royaume. Maintenant, c’est mon tour de combler vos attentes. Vous ne serez pas déçus.

Si ce stage n’a pas été probant, s’il nous est arrivé de manquer à l’amour. Ceux qui nous aiment sont là pour nous accompagner par leurs prières, dans cette grande cordée de la communion des saints.

Tony, désormais nous ne pourrons plus penser à toi sans penser à ce monde nouveau et cette terre nouvelle où tu nous précède, de quelques années, ou de quelques mois…

Thérèse de Lisieux disait : « Je passerai mon Ciel à faire du bien sur la terre. » Éclaire, Tony, les intelligences et les cœurs de ceux et celles que tu as aimés.

L’humoriste Boujenah fait dire à Dieu : « Depuis le temps que J’écoute les prières des hommes, J’aimerais tant qu’ils entendent maintenant les miennes ! »

Les prières de Dieu c’est que nous apprenions les chemins de la paix, de l’écoute, de la réconciliation. Les chemins de l’amour véritable.

Nous avons célébré ta naissance au Ciel le 25 septembre 2018… Quatre ans que tu veilles avec leur maman sur tes enfants, et tous ceux qui vous sont chers !

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