« Aimez-moi ou je meurs »


J’ai rempli une trentaine de cahiers de réflexions depuis l’âge de 12 ans. En voici une page, rédigée lorsque j’étais au séminaire de la Mission de France, à l’âge de 26 ans :

« L’amour ne se remplace que par l’amour » (Th d’Avila).

L’amour fait voir dans tout événement sa part divine, sa part de grâce. Être chrétien nous conduit à reconnaître sa présence. Tout instant de notre existence n’a de prix que son pesant d’amour. La présence de l’amour fait s’évanouir tous les faux-semblants : l’orgueil, l’intellectualisme, l’activisme… tout un fatras inutile. L’amour balaie tout le reste. N’est-ce pas cette vérité-là qui n’a cessé de me tenailler. Il m’arrivait même de me trouver sur une pente de haine contre tous ceux et celles qui piétinaient cette intuition, dans l’espoir de la protéger. Rien sur cette terre ne vaut la peine de bouger le petit doigt si ce n’est par amour.

Qu’il s’agisse de connaissances, d’études, de réflexions, tout ce qui n’est pas là pour favoriser l’amour est du temps et de l’argent perdus.

J’ai rencontré un certain nombre de jeunes fatigués de vivre « pour rien ». Sans but. Un soir, en rentrant chez moi, j’ai trouvé sous ma porte un papier avec un dessin qu’avait glissé une jeune lycéenne sous ma porte. Elle avait écrit : « Aimez-moi ou je meurs ».

L’homme n’est pas fait pour s’échanger contre plus petit que lui.

Beaucoup canalisent leur énergie affective en agissant pour agir, en se passionnant pour une activité qui pourrait susciter l’admiration. Le monde peut sembler souvent un immense gâchis d’une énergie qui nous fut donnée pour apprendre à aimer.

Dieu est amour, ce sont ceux qui aiment qui peuvent Le rejoindre. Lorsque nous n’aimons pas, nous sommes en sommeil, en sursis. Seule la prière peut nous délivrer. « Père, apprends-nous à aimer, éveille en nous le goût de rejoindre les autres au plus profond de leur âme. »

C’est la fameuse légende de celui qui pouvait gagner un royaume s’il posait une question, une seule : « Dis-moi quel est ton tourment ? »

Les seuls êtres vraiment heureux sont ceux qui aiment : « Hic et nunc ».

Je me souviens de Jean-Luc, au clan routier, qui répétait : « Je ne veux pas qu’on m’aime ! » Peut-être était-ce seulement parce qu’il n’osait pas y croire ?…

Devant combien de mystères, combien d’âmes humaines, suis-je passé sans tressaillir ? Sans doute est-ce d’écouter l’Abbé Pierre qui fut pour moi le plus grand choc, me révélant le lien entre la grandeur de Dieu et celle de l’homme. IL y va de la gloire de Dieu que « le prochain » soit reconnu, estimé, entendu…

Comment tolérer qu’il y ait des enfants de Dieu qui dorment sur les trottoirs ?

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