HOMÉLIE DU PÈRE STAN ROUGIER
20 AOÛT 2017 – Église Saint-Jean-Baptiste de saint-jean de luz
Dieu n’a pas créé des clones mais des originaux.
Le but de nos années sur cette terre est d’apprendre l’accueil, l’acceptation de la différence. Apparemment, il semble que l’homme n’ait guère de disposition pour cela, Caïn tue son frère parce que son frère est différent.
L’histoire humaine est jalonnée de guerres fratricides. Depuis la Tour de Babel, jusqu’aux massacres entre Serbes et Croates, Hutus et Tutsis, Israéliens et Palestiniens, catholiques et protestants.
La première lecture de ce dimanche tirée du prophète Isaïe nous annonce le magnifique projet de Dieu : « Le nom de ma Maison, c’est Maison pour tous, Maison pour tous les peuples ».
Il y a 4 000 ans environ… donc tout récemment, chaque peuple avait son Dieu particulier. C’était une occasion de se haïr. Avec Moïse et la fondation du peuple juif, Dieu demande à ce peuple d’annoncer au monde que Dieu est le Père de tous les hommes, tous sans exception.
Par la bouche des prophètes, Dieu répète « Élargis l’espace de ta tente ». Si le peuple juif est élu, c’est pour annoncer que tous sont aimés. Lorsqu’il vient sur la terre, Dieu, devenu homme pour mieux nous rejoindre, insiste sur l’ouverture à l’autre, même le plus différent, comme le Samaritain. Cela lui a valu beaucoup d’hostilité. Car ce message d’amour universel passe mal, très mal. « C’est à l’amour que vous aurez pour les autres que l’on vous reconnaîtra pour mes disciples », « Ceux qui font la volonté de mon Père, ce sont ceux-là qui sont ma vraie famille ». « La volonté de mon Père, c’est que vous vous aimiez tous… Le Samaritain blessé est bien plus précieux que ton frère juif en bonne santé… Si quelqu’un dit qu’il aime Dieu et déteste son frère…c’est un menteur ».
Son message est très difficile à avaler : l’homme n’arrête pas de faire la sourde oreille, de faire barrage. C’est dans ce contexte qu’il faut lire l’Évangile déconcertant d’aujourd’hui. Jésus passe la frontière de la Terre promise. Il est en Canaan, le Liban d’aujourd’hui. Sa réputation a franchi la frontière : une maman a très mal pour la maladie psychique de sa fille. Elle place toute sa confiance en Jésus. Jésus fait mine de la rejeter. C’est très classique dans la Bible. Pour mieux faire comprendre une acceptation, on commence par un refus. Façon peut-être de marquer les mémoires. Façon de dire à ses disciples : Regardez la foi magnifique de cette femme… c’est une païenne et elle vous donne l’exemple de la vraie foi, de la confiance totale. Le cœur d’une maman, c’est ça !… Rien ne peut décourager une mère… On ne voit bien qu’avec le cœur, Dieu n’est qu’Amour. L’amour triomphe de tout. L’amour a les promesses de la vie éternelle. Ceux qui ont considéré Jésus comme un imposteur n’ont pas compris que le seul absolu c’est l’amour. Pour eux, ce qui était « pur », ce qui était casher, c’était cela l’important.
Par amour pour un homme attient de lèpre, Jésus brise le tabou du shabbat. Après cet acte considéré comme scandaleux, le texte de l’Évangile est clair : « Scribes et pharisiens se concertèrent pour savoir comment l’éliminer. »
« Vous filtrez le moustique et vous avalez le chameau » leur répétait Jésus. Obsédés par les traditions, vous délaissez l’essentiel : le bonheur de vos frères humains. La Parole de Dieu à chaque eucharistie est un appel à la conversion. Qui d’entre nous n’a pas parfois tendance à passer le comportement de son frère ou de sa sœur, de son épouse, de son voisin, à la toise de faux absolus ?
Ne nous trompons pas de frontière : il n’y a pas d’un côté des juifs et des Cananéens, des enfants et des chiens, des croyants et des incroyants, des casher et des non-casher.
La frontière est en nous et seul Dieu peut juger…Et Il fait à tous Miséricorde.